4 septembre 2012

Le Comité de la 3e Internationale (1919-1921)

Le Comité de la 3e Internationale est une organisation méconnue, dont le rôle a pourtant été majeur. Même son nom est souvent écrit avec erreur, y compris dans des ouvrages universitaires : son nom réel a toujours été Comité de la 3e Internationale (d'où le sigle C3I), parfois écrit Comité de la IIIe Internationale ou Comité de la Troisième Internationale. Les appellations erronées que l'on rencontre parfois sont : "Comité pour la 3e Internationale", "Comité pour la IIIe Internationale", "Comité pour la Troisième Internationale", "Comité pour l'adhésion à la IIIe Internationale", ou "Comité pour l'adhésion à la Troisième Internationale".

D'où vient le Comité de la 3e Internationale ? C'est au départ un simple changement de nom du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), décidé lors de sa réunion du 8 mai 1919. Le Comité se revendique du "socialisme révolutionnaire" et de "la démocratie prolétarienne". Comme son nom l'indique, le Comité est membre de la Troisième Internationale (ou Internationale communiste), dont il est la section en France (le CRRI avait voté son adhésion à l'IC dès le 17 avril 1919). Le secrétaire du Comité reste celui du CRRI, Fernand Loriot, par la suite assisté de Pierre Monatte et Boris Souvarine. Comme le CRRI, le C3I est composé de militants internationalistes, s'étant opposés à la guerre mondiale, qu'ils soient socialistes, syndicalistes révolutionnaires, ou anarchistes. Ses militants s'expriment en particulier dans La Vie ouvrière et le Bulletin communiste (ce dernier étant fondé début 1920).

En pratique, le Comité de la 3e Internationale joue un rôle majeur dans l'animation de la minorité révolutionnaire dans la CGT, et pour l'adhésion du Parti socialiste SFIO à l'Internationale communiste. Des motions Loriot en ce sens sont présentées à plusieurs reprises, pour finir par l'emporter en décembre 1920 lors du congrès de Tours. Le Parti socialiste SFIO devient alors le Parti socialiste SFIC, puis le Parti communiste SFIC (Section française de l'Internationale communiste).

Estimant sa tâche accomplie, le Comité de la 3e Internationale s'auto-dissout en novembre 1921. L'action de ses militants se poursuit par la suite, sous différentes formes, notamment dans les courants anti-staliniens du mouvement ouvrier syndical et politique (voir mon livre Un Court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France, ou encore cet article : "Boris Souvarine, un itinéraire communiste collectif").