15 janvier 2021

Léo Frankel, communard sans frontières

Parution en février 2021 :
Julien Chuzeville, Léo Frankel, communard sans frontières, éditions Libertalia, Montreuil, 2021. 277 pages, ISBN 978-2-37729-165-6.
https://editionslibertalia.com/catalogue/ceux-d-en-bas/leo-frankel-communard-sans-frontieres


Présentation de l'éditeur :
Voici la première biographie en français de Léo Frankel (1844-1896), seul élu étranger de la Commune de Paris (1871). Militant de la Première Internationale, dont il intègre la direction lors de son exil à Londres, il est un proche de Karl Marx.
Il est emprisonné sous le Second Empire. Pendant la Commune, il est élu à 27 ans responsable de la commission du Travail, puis condamné à mort par contumace par les versaillais.
Ouvrier d’orfèvrerie, puis correcteur, enfin journaliste, il travaille et milite dans de nombreux pays d’Europe (Hongrie, Autriche, Allemagne, France, Grande-Bretagne).
Véritable internationaliste, son parcours militant et ses articles montrent l’aspiration à un socialisme révolutionnaire qui réaliserait l’autoémancipation ouvrière.
Ce livre s’appuie sur l’étude de nombreuses archives, de correspondances, de journaux révolutionnaires de plusieurs pays. L’ouvrage comprend des articles, discours et lettres (la correspondance avec Marx) de Léo Frankel traduits pour la première fois en français, notamment sur la Commune de Paris.

Sommaire :
I. Un travailleur sans frontières
  * Organiser l’Internationale à Paris
II. Le délégué au Travail de la Commune de Paris
  * Passer aux actes
  * Changer le travail
  * Survivre à la chute
III. Du Conseil général de l’Internationale à la création de partis ouvriers
  * Internationaliste sans l’Internationale
  * Militant en Hongrie
  * Retour en Autriche
IV. Le journalisme et la Deuxième Internationale
  * La Deuxième Internationale
  * Après la vie
Articles, discours et lettres :
  * Discours au procès de l’AIT, 5 juillet 1870
  * La proclamation de la Commune républicaine et sociale [1871]
  * Lettre de Léo Frankel à Karl Marx, 30 mars 1871
  * Lettre de Léo Frankel à Karl Marx, 25 avril 1871
  * Brouillon de lettre de Marx à Varlin et Frankel, 13 mai 1871
  * Lettre à Johann Philipp Becker du 12 juin 1871
  * Réponse à quelques sophismes conservateurs
  * Lettre de Léo Frankel à Karl Marx, mars 1872
  * Lettre de Léo Frankel à Karl Marx, octobre 1876
  * Résumé d’un discours à Gand le 12 septembre 1877
  * Lettre de Léo Frankel à Aristide Barré, 27 juin 1879
  * Lettre de Léo Frankel à Louis Bertrand, avril 1880
  * Lettre de Léo Frankel à Karl Marx, décembre 1881
  * Entrefilet paru sans signature dans La Bataille du 17 avril 1890
  * À propos du mouvement ouvrier français
  * Extraits d’un article paru dans La Bataille du 14 décembre 1890
  * La lutte du prolétariat et le 1er mai
Documents iconographiques
Bibliographie
Principales archives utilisées
Index des noms cités 



"La Commune a succombé. Elle a succombé sous la force brutale. Mais en étouffant sa voix, on n’a pas même cicatrisé les plaies sociales qu’elle avait mission de guérir, et tous les déshérités des deux sexes, tous ceux qui veulent le règne de la vérité, de la justice, attendent sa résurrection." (Léo Frankel, Réponse à quelques sophismes conservateurs, janvier 1872) 

"Si tes contemporains te refusent la reconnaissance que tu mérites, j’ai néanmoins l’intime conviction que la postérité, qui forge son jugement sur l’enclume de la vérité, te l’accordera pleinement." (Léo Frankel, lettre à Karl Marx, décembre 1881)

17 août 2017

Un Court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France

Parution en septembre 2017 :
Julien Chuzeville, Un Court moment révolutionnaire, la création du Parti communiste en France (1915-1924), Libertalia, Paris, 2017. 536 pages (+ cahier d'illustrations en couleur de 16 p.), ISBN 978-2-37729-010-9.
http://www.editionslibertalia.com/catalogue/ceux-d-en-bas/un-court-moment-revolutionnaire



Présentation de l'éditeur : Le Parti communiste est créé en France en décembre 1920. Au-delà du seul congrès de Tours, qui voit la scission du Parti socialiste SFIO, il importe de comprendre les dynamiques qui aboutissent à ce résultat. Qui sont les principaux militants à l’œuvre ? Quels sont leurs objectifs politiques ? Comment la scission s’effectue-t-elle en pratique ? Comment le PC s’organise-t-il à ses débuts ? Quels sont alors les liens avec Moscou ?
C’est à ces questions que cet ouvrage entend répondre, en mettant en perspective les événements liés à la révolution russe. La création du PC n’est en effet pas un processus qui s’est réalisé en quelques jours ou en quelques semaines, mais un phénomène bien plus long – que l’on observe, avec d’autres modalités, ailleurs en Europe et dans le monde. S’appuyant notamment sur des archives inédites, ce livre est une synthèse de référence qui renouvelle la compréhension de cet événement majeur de notre histoire politique et sociale.


Sommaire :
Introduction
Chapitre I : Des communistes en France avant 1914
   a) D'une Internationale à l'autre

   b) Le mouvement ouvrier face à la menace de guerre
Chapitre II : Les pacifistes révolutionnaires contre la Première Guerre mondiale
   a) Zimmerwald
   b) Une scission morale entre socialistes
   c) La rupture de l'Union
sacrée
Chapitre III : La révolution en Europe, la révolution en France ?
   a) Une nouvelle Internationale
   b) L'essor du Comité de la 3e Internationale
   c) Luttes sociales et électorales
Chapitre IV : La scission
   a) Le deuxième congrès de l'Internationale communiste
   b) Les courants opposés
   c) Le Congrès de Tours
   d) Rivalité entre les deux partis socialistes
Chapitre V : Dans l'aube naissante d'une claire journée
   a) La SFIC au travail
   b) Un parti confronté au reflux
   c) Le front unique en débat
   d) Création de la CGTU
   e) A deux millimètres de la scission
Chapitre VI : Le tournant irréversible de 1924
   a) Le mot d'ordre de bolchevisation
   b) L'opposition communiste
   c) Processus de bureaucratisation
Conclusion
Annexes

Orientation bibliographique et Principales archives utilisées
Glossaire des principaux militants du PC cités
Index


Annonce d'un meeting du Comité de la 3e Internationale pour l'adhésion du Parti socialiste SFIO 
à l'Internationale communiste (dans le Bulletin communiste, septembre 1920)
[Cette organisation était bien le Comité de la 3e Internationale (C3I), parfois écrit Comité de la IIIe Internationale ou Comité de la Troisième Internationale ; et non "Comité pour la 3e Internationale", "Comité pour la IIIe Internationale", "Comité pour la Troisième Internationale", "Comité pour l'adhésion à la IIIe Internationale", ou "Comité pour l'adhésion à la Troisième Internationale" qui sont des appellations erronées]

Détail d'une affiche de 1922 : la féministe révolutionnaire Marthe Bigot se présente comme candidate illégale du Parti communiste lors d'élections municipales partielles.
Dans L'Humanité du 8 mars 1923, la communiste Louise Heuchel publie un article à l'occasion de la Journée internationale des femmes, en concluant : "La libération des travailleuses sera l'oeuvre des travailleuses elles-mêmes."

Tampon du Bureau politique du Parti communiste SFIC (Section française de l'Internationale communiste).
Boris Souvarine délégué du "Parti communiste de France" au Comité exécutif de l'Internationale communiste, juillet 1921.

Annonce de 1921 pour L'Internationale, le nouveau quotidien de la Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC), encore désignée "Parti socialiste", peu avant d'être renommée Parti communiste.

21 août 2015

Un siècle après la Conférence de Zimmerwald

Le 5 septembre 1915 s'ouvrait en Suisse la Conférence de Zimmerwald. Un siècle après, les textes de cette conférence socialiste internationale contre la guerre (ainsi que ceux de la Conférence de Kienthal, avril 1916) sont regroupés dans le livre suivant, avec une note biographique sur les 38 délégués à la Conférence :
* Julien Chuzeville (dir.), Jean-Numa Ducange (préface), Zimmerwald, l'internationalisme contre la Première Guerre mondiale, éditions Demopolis, Paris, 2015. ISBN 978-2-35457-084-2. 
-> Livre épuisé, réédition revue et augmentée à paraître en juin 2024 sous le titre : Zimmerwald 1915. L’internationalisme contre la Première Guerre mondiale, éditions Smolny, Toulouse, 2024.

Arrêté du ministre de l'Intérieur interdisant la diffusion du compte rendu de la Conférence de Zimmerwald (1915).

Ce livre rassemble les textes du mouvement de Zimmerwald, donnant accès à une autre vision de la guerre 14-18, émise pendant le conflit lui-même par des militants de différents pays.
En 1914, la guerre balaye les efforts des pacifistes – et en particulier ceux des socialistes français et allemands dont les dirigeants votent les crédits de guerre et soutiennent l’Union sacrée. Pourtant, des partis, des militants syndicalistes et socialistes maintiennent leur opposition à la guerre.
En septembre 1915, venus des différents pays d’Europe, ils se rassemblent au sein de la Conférence de Zimmerwald. Réaffirmant leur opposition à la guerre, ils adoptent un Manifeste qui dénonce la politique des États belligérants et appelle à une paix sans annexions, dans le cadre de la lutte pour le socialisme.
Zimmerwald devient rapidement le symbole de la lutte contre la guerre, ainsi que de la renaissance de l’internationalisme.

Extrait des Cahiers Jaurès, n° 184, 4e trimestre 2016 :
"Julien Chuzeville a réalisé un travail précieux qui évoque les meilleures heures de l’historiographie des années 1970. Gageons que Georges Haupt aurait eu plaisir à l’accueillir dans sa « bibliothèque socialiste » de Maspero. [...] Cela fait plusieurs décennies que nous n'avions pas vu semblable publication. Les textes réunis sont fort bien édités et présentés, nous disposons de la liste complète des délégués, avec des présentations biographiques. C'est une belle performance et tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Grande Guerre, du socialisme et du pacifisme liront avec profit ce clair et bel ouvrage. Le meilleur centenaire possible de ces conférences, moments importants de l'histoire internationale du socialisme.
 
En septembre 1915, des militant·es socialistes de différents pays d’Europe se rassemblent dans le village de Zimmerwald, en Suisse, pour tenir une conférence contre la Première Guerre mondiale. Réaffirmant leur opposition au conflit en cours, les participant·es s’inscrivent résolument à contre-courant du discours dominant et adoptent un retentissant manifeste qui appelle à une paix immédiate, dénonçant la guerre impérialiste et tous les États belligérants. Zimmerwald devient alors le symbole de la lutte contre la guerre et de la résurgence de l’internationalisme ouvrier. Cet ouvrage regroupe tous les textes de cette conférence décisive ainsi que les notices biographiques des 38 délégué·es.
 

16 février 2014

Militants contre la guerre 1914-1918

Parution de mon livre sur le pacifisme organisé en France pendant la Première Guerre mondiale :
https://www.editions-spartacus.fr/Catalogue_par_theme.B/s263774p/Militants_contre_la_guerre_1914_1918
[le lien ci-dessus est mort du fait de la fin des éditions Spartacus fin 2022 ; le livre est désormais diffusé par les éditions Syllepse : https://www.syllepse.net/militants-contre-la-guerre-1914-1918-_r_88_i_1004.html ]
Julien Chuzeville, Militants contre la guerre 1914-1918, formation et action du Comité pour la reprise des relations internationales, éditions Spartacus, Paris, 2014. 136 pages, 10 euros, ISBN 978-2-902963-68-3.



L'ouvrage se concentre essentiellement sur le pacifisme et les opposants à l'Union sacrée au sein du mouvement ouvrier, donc sur le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), principale organisation pacifiste en France pendant la guerre de 14-18. Le CRRI regroupa de 1915 à 1919 les militants internationalistes - qu'ils soient syndicalistes, libertaires ou socialistes - dans l'action contre la guerre de 1914-1918, sur l'orientation définie par les conférences internationales de Zimmerwald et de Kienthal (1915-1916). Parmi ces militants "zimmerwaldiens" figurent entre autres Pierre Monatte, Louise Saumoneau, Alfred Rosmer, Alphonse Merrheim, Fernand Loriot, Hélène Brion, Albert Bourderon, Raymond Péricat, Marie Guillot, Emile Hubert, Charles Benoît, Stéphanie Bouvard, Marcel Hasfeld, Jules Lepetit, Lucie Colliard, Charles Rappoport, etc.

Présentation de l'éditeur : Militants contre la guerre 1914-1918 (Formation et action du Comité pour la reprise des relations internationales [la seconde impression du livre, en décembre 2014, a rétabli ce sous-titre qui ne figurait pas sur la première édition de février 2014]).
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. » : Jaurès l’avait dit et répété, et des congrès successifs de l’Internationale socialiste s’étaient engagés à tout faire pour empêcher le déclenchement d’un conflit. Mais quand, en 1914, malgré la forte agitation sociale que connurent au début de l’année la France, la Russie et l’Allemagne, la machine infernale se mit en route, les socialistes ne lui barrèrent pas le chemin.
La France ne manquait pas de pacifistes ; mais devant les dangers de l’invasion, la mobilisation, la militarisation de la société et la censure, tous furent désemparés et beaucoup se résignèrent. Certains, cependant, osèrent rompre le consensus et voulurent faire entendre la voix d’un pacifisme actif, c’est-à-dire, nécessairement, internationaliste. La paix qu’ils recherchaient était une paix sans tergiversations, « sans vainqueur ni vaincu », une paix – ils en étaient convaincus – que les régimes qui avaient conduit le monde à la guerre ne seraient pas capables d’assurer.
Ces militants – car tous l’étaient avant le début de la guerre – durent mener d’abord le combat dans leurs propres organisations, parti socialiste et syndicats, puis tenter, malgré la censure, l’intimidation et la répression, de faire progresser l’opposition à la guerre. Le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) qu’ils créèrent fut le centre nerveux du pacifisme militant en France de 1915 à 1918 ; Zimmerwald et Kienthal, mais aussi la prison et les procès, furent les étapes de leur campagne.
La paix des vainqueurs ne fut pas celle pour laquelle ils s’étaient battus et ils savaient qu’elle portait en elle l’annonce d’un nouvel orage. Mais en maintenant vivace l’internationalisme socialiste, leur action résonna encore bien après que le CRRI eût cessé d’exister.

Sommaire :
Chapitre I : Eté 1914, le mouvement ouvrier submergé
Chapitre II : Des voix dans le no man's land
Chapitre III : L'appel de Zimmerwald
Hors texte : Projet de résolution des socialistes du CRRI pour le congrès de la SFIO, décembre 1915
Chapitre IV : L'essor du CRRI
Hors texte : Tract du CRRI, février 1916
Hors texte : Manifeste de Kienthal, avril 1916
Chapitre V : Le mur de la censure et de la répression
Chapitre VI : 1917, la révolution n'aura pas lieu
Chapitre VII : L'armistice à l'horizon
Chapitre VIII : Survivre à la guerre ?
Chapitre IX : Révolutionnaires sans révolution
Epilogue
Annexe : Liste des publications du CRRI
Bibliographie et archives

"Pour éviter les guerres, supprimons les frontières"

Tract du Comité pour la reprise des relations internationales, publié en février 1916.
 
Sceau de la police sur une liasse de tracts pacifistes saisis en 1916. Il s'agit de tracts du CRRI publiant le Manifeste adopté par la Conférence socialiste internationaliste de Kienthal (symboliquement daté du 1er mai 1916).

Extrait d'un rapport de police du 31 mai 1917 (AN F 7/13575).
"Assez d'hommes tués : la Paix". Papillon pacifiste diffusé à partir du printemps 1917.
Tract publié en mai 1917, pendant la vague de grèves.

27 décembre 2013

Les défenseurs de la paix, 1899-1917

Du 15 au 17 janvier 2014 se tiendra à Paris le colloque international "Les défenseurs de la paix, 1899-1917". J'y présenterai une communication sur le thème : "Le Comité pour la reprise des relations internationales, ou le rassemblement du mouvement ouvrier pacifiste révolutionnaire en France (1915-1917)". Ce sera le 17 janvier dans le cadre de la thématique "Pacifisme du mouvement ouvrier, pacifisme radical", avec des interventions sur la SFIO contre la loi des trois ans en 1913 (par Elisa Marcobelli), sur le socialiste italien Giuseppe Modigliani (par Donatella Cherubini), et sur le philosophe pacifiste Bertrand Russell (par Michel Rapoport). Le colloque aura lieu à l'Institut historique allemand.


Résumé de mon intervention : Le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) fut l'organisation regroupant en France les militants et courants du mouvement ouvrier partisans de la Conférence internationale de Zimmerwald – à laquelle avaient participé les deux premiers secrétaires du CRRI, Alphonse Merrheim et Albert Bourderon. Créé en 1915 pour lutter contre la guerre pendant le conflit lui-même, le CRRI rassemblait des minoritaires venus des différents courants du mouvement ouvrier : syndicalistes, socialistes et libertaires. Prenant au mot les résolutions internationalistes votées par les congrès de la Deuxième Internationale à Stuttgart (1907), Copenhague (1910) et Bâle (1912), ainsi que par les congrès de la CGT, le CRRI diffusait des tracts et brochures pacifistes, et se confrontait aux directions « d'Union sacrée » du Parti socialiste SFIO et de la CGT. Ses militants se confrontaient aussi à la censure, à la répression, et au discours dominant imposé pendant le conflit.

9 septembre 2013

« Aux féministes, aux femmes », appel d'Hélène Brion contre la guerre en juillet 1914

Cet article fut publié dans La Bataille syndicaliste, quotidien officieux de la CGT, le 30 juillet 1914.
Hélène Brion était une institutrice syndicaliste, féministe et socialiste. Elle fut pendant la guerre militante pacifiste « zimmerwaldienne » (se réclamant de la Conférence internationale de Zimmerwald), et participa à l'action du Comité pour la reprise des relations internationales.


Aux féministes, aux femmes

« Dans la période d'agitation que nous traversons, insensée qui se croit neutre, criminelle qui se dérobe ! » Ces paroles d'André Léo aux femmes de la Commune, nous pouvons les récrire aujourd'hui. Que chacune y réfléchisse, pendant qu'il est temps encore ! La guerre est là. Dans quelques jours peut-être, une effroyable crise bouleversera l'Europe : les horreurs que vous avez lues sur la guerre russo-japonaise, sur la guerre des Balkans, le cauchemar terrible de 1870, il faudra revivre tout cela. Que ferez-vous alors, vous qui, en ce moment, par paresse d'esprit, vous refusez de croire à la guerre ?

Vous dites : « Cela s'arrangera ! Ce serait trop bête de se faire tuer pour ces histoires-là ! Au fond, personne ne veut se battre ! » Oui, c'est le tragique de la chose : personne n'y veut croire, tant ce serait horrible, et, grâce à cette nonchalance générale et aux mauvaises volontés sournoises de nos maîtres, le conflit, dont nul ne veut, peut éclater demain.

Osez-vous voir ce qui sera alors ? Quelle vie sera la vôtre, femmes, dont les fils, les frères, les hommes seront sous les drapeaux ? Ne croyez-vous pas qu'un mouvement de révolte au grand soleil, pendant qu'il en est temps encore, serait préférable aux longues heures d'angoisse et de déchirement que vous vivrez alors, n'osant plus crier, n'osant plus protester par crainte de faire du tort à vos aimés, esclaves et muettes comme vous l'avez toujours été ? N'êtes-vous pas lasses de ces souffrances séculaires que ces grands enfants fous que sont les hommes vous imposent ? Quand ils étaient plus petits et que leur ardeur bruyante se dépensait en taloches mutuelles, n'étiez-vous pas là pour les séparer, ces batailleurs en herbe ? Vous leur expliquiez alors combien il est vilain de se battre et que les meilleurs poings ne prouvent pas la plus solide raison. Pourquoi, aujourd'hui encore, ne vous dressez-vous pas entre eux ?

Et vous, féministes, vous qui avez l'habitude de l'action en groupe, vous qui luttez depuis si longtemps et étiez sur le point de voir aboutir de bien chères espérances, ne comprenez-vous pas le recul immense qu'une guerre européenne ferait subir à la pensée ? Ne sentez-vous pas que notre effort, pour des années, serait perdu ? Pourquoi ne pas essayer de le sauver en vous dressant devant l'obstacle avant qu'il ne nous écrase ? Nous nous sommes trouvées 20.000 dans la rue pour Condorcet ; nous nous sommes trouvées plus de 500.000 pour réclamer par écrit le droit de vote ; il faut que nous soyons des millions pour crier partout notre haine de la guerre et notre ferme volonté de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'empêcher.

Oui, tout, je le répète. En commençant par les paroles de bon sens et de persuasion, qui oserait nous blâmer d'agir ainsi et nous en punir ? N'est-ce pas notre rôle et le droit le plus sacré qu'on nous ait jamais reconnu ? Protestons donc, toujours, partout, dans la rue, à la maison, à l'atelier, au bureau, à tous les moments de notre journée, contre le crime qui se prépare. Nous le pouvons, nous le devons, c'est le premier et le plus impérieux de nos devoirs. Remplissons-le d'abord pleinement et jusqu'au bout.

Hélène Brion.

Papillon pacifiste diffusé en 1917, notamment par Hélène Brion.

13 novembre 2012

Parution de la biographie de Fernand Loriot (1870-1932)

Ma biographie de Fernand Loriot vient de paraître :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=38904
Julien Chuzeville, Fernand Loriot, le fondateur oublié du Parti communiste, Editions L'Harmattan, collection Historiques - série "Travaux", Paris, 2012. 237 pages, ISBN 978-2-336-00119-7.


Fernand Loriot (1870-1932) est le principal fondateur du Parti communiste. Il était le premier signataire de la motion fondatrice du PC, qui remporta une large majorité au Congrès socialiste de Tours en décembre 1920.
Instituteur, militant socialiste, syndicaliste révolutionnaire, il fut l'un des principaux organisateurs du mouvement pacifiste en France pendant la guerre de 1914-1918. La presse le décrivait comme le « leader des révolutionnaires » pendant la grève générale de mai 1920. Il est pourtant aujourd'hui tombé dans l'oubli. Cela est en partie dû à son attitude d'opposant interne en 1924-1926 puis à sa rupture avec le PC en 1926, et à sa dénonciation précoce de la dictature stalinienne.
De la lutte contre la Première Guerre mondiale à la lutte contre le stalinisme, on retrouve toujours Fernand Loriot au premier plan. Quatre-vingts ans après sa mort, un ouvrage lui est pour la première fois consacré. C'est aussi un éclairage inédit sur les luttes sociales et l'histoire politique des décennies 1910-1920, et une contribution à l'histoire du syndicalisme, du socialisme, du pacifisme et du communisme.



Sommaire :

I : Un instituteur socialiste et syndicaliste
Au Syndicat des Instituteurs de la Seine

II : Contre la guerre
Le Comité pour la reprise des relations internationales
Printemps 1917, lueurs dans la nuit
Renversement de majorité à la SFIO
Berne, à la croisée des chemins

III : Pour la révolution
Le Congrès socialiste de Strasbourg
La transformation de la SFIO en SFIC
Le Congrès communiste de Marseille
Divisions sur le front unique
Repli provisoire

IV : Communiste oppositionnel
Opposition à l'intérieur du parti communiste
Opposition communiste à l'extérieur du parti
Pour l'unification syndicale

V : Conclusion

Annexes
1 : Illustrations
2 : Note nécrologique sur Fernand Loriot, par B. Souvarine
3 : La scission socialiste
4 : Les courants lors des congrès de la SFIO de 1915 à 1920
5 : La scission syndicale
6 : La lettre des 80 de l'opposition communiste (1925)
Bibliographie et sources


Recensions du livre :
* Archives communistes, décembre 2012 (également reproduite dans les Cahiers du mouvement ouvrier, mars 2013).
* Article 11, janvier 2013 (traduction en italien dans la Bataille socialiste, janvier 2013, traduction en portugais dans Vias de facto, février 2013, et traduction en persan dans Praxies.org, août 2013).
* L'Ours, février 2013.
* Lectures, février 2013 : [lire en ligne].
* Dissidences, février 2013.
* La Quinzaine littéraire, février 2013 (également reproduite dans les Cahiers du mouvement ouvrier, mars 2013).
* Courant alternatif, mai 2013 : [lire en ligne].
* Cahiers Jaurès, novembre 2013.
* Cahiers d'histoire, mai 2014.


"M. Loriot leader des révolutionnaires est arrêté" (7 mai 1920)





Fernand Loriot au Congrès de Marseille du Parti communiste SFIC (décembre 1921).


Loriot candidat du Parti socialiste SFIC aux élections législatives partielles du 27 février 1921
Le journal féministe socialiste La Voix des Femmes du 24 février 1921, appelant à "faire voter" pour Loriot et Souvarine, candidats du "seul parti dans lequel la femme est l'égale de l'homme".
Les premiers signataires de la motion Loriot-Souvarine de novembre 1920, dont l'adoption au congrès de Tours entraîna la transformation de la SFIO en SFIC (puis PC).